Si chaque culture regarde ses enfants à sa façon et projette sur eux un idéal répondant aux valeurs fondamentales et agissantes dans la société où il vit, désormais, l’évolution des cultures ne se limite pas au pré carré d’une frontière géographique. Les cultures se proposent dans leurs différences au regard les unes des autres. La différence peut ouvrir un espace d’inquiétude : ce qui est vécu « là-bas » dans la sécurité, peut être vécu « ici » dans le danger ; ce qui est habituel ici peut être regardé ailleurs avec étrangeté. Mais l’apparence culturelle peut devenir un simple appât qui piège la peur et son corollaire, le rejet. Or, au-delà de la simple vêture culturelle, les mécanismes d’attachement indispensables au développement de l’enfant dans son humanité traversent et dépassent les cultures. Les auteurs invitent à aller au creux de l’intime de la relation parents-bébé voir comment, un peu partout, s’inventent et se nouent les premiers liens fondamentaux et comment se traversent les épreuves relationnelles qui humanisent le bébé. De ce frottement des cultures, nous avons tout à apprendre.

Ouvrage collectif sous la direction de Jacques Besson (psychologue) et de Mireille Galtier (pédopsychiatre), avec la participation de nombreux auteurs dont Manuella Favreau pour le chapitre concernant le portage.

Le portage : un héritage culturel et générationnel

Vous pourrez trouver ce chapitre de la page 127 à la page 138. 

Voici un petit extrait;
« Les parents d’aujourd’hui sont à la recherche d’un mieux-être affectif et physique pour eux-mêmes et leurs enfants. Le portage physiologique répond parfaitement à leurs attentes.
Le terme « portage » évoque généralement l’image d’une femme africaine qui porte son enfant sur le dos avec un pagne fait en batik, c’est-à-dire un simple coton imprimé. Certes, c’est le portage traditionnel et ancestral qui est toujours d’actualité pour des milliers de femmes et d’enfants. À la naissance l’enfant reste au calme avec sa mère quelques semaines, puis il atterrit sur son dos afin d’être toujours en contact, en sécurité, à proximité du sein. Cela permet également à la mère de reprendre ses activités quotidiennes.
Au Cameroun, « les femmes komas, sur des terrains accidentés, grimpent comme des cabris avec, juchées sur leur tête, de lourdes cruches remplies d’une bière faiblement alcoolisée, dont elles donnent d’ailleurs quelques gorgées à leur nourrisson. D’une démarche altière, elles portent ainsi quelque vingt kilos sur la tête, et un bébé d’une dizaine de kilos sur le dos, tout en fumant la pipe » (Fontanel, d’Harcourt, 2002).
Lorsque la mère ne peut pas prendre soin de son enfant, c’est une autre femme du groupe qui la remplace ; sœur, amie, fille, grand-mère, cousine… L’enfant est ainsi très vite sociabilisé… »